Encore une entreprise
Qui se divise, qui se meurt
On te l’raconte, la colère gronde
Et brisé est ton coeur
Trente années de bonheur,
Trente ans de labeur, on n’y touche pas
Détruire cette grande famille,
Ce n’est pas digne, ils n’avaient pas le droit

 

L’ambiance de l’atelier, ça va t’manquer,
Tu aimais ton métier, c’était ta vie, ta chance
Dur à la tâche, un peu potache,
Beaucoup impliqué
Le nec de l’ouvrier de rage tu nages,
Vers un sombre rivage, inévitable naufrage

 

Proche de tes camarades,
En rade depuis cette mascarade
Que vas-tu faire, n’plus battre le fer
C’est le retour en arrière
Fini le made in France,
Tout recommencera sans toi
L’avenir qui semblait rose,
Devient morose,
D’un coup tout s’en va

 

L’entraide dans l’atelier c’était trop beau,
Fallait un bon tempo,
ça sonnait rock, salsa, mambo
La course contre le temps,
Pour toi n’était qu’un jeu
L’objectif avec eux,
Tu l’atteignais avec entrain, c’était l’train l’train,
Et ça t’allait trop bien

 

Hé l’patron,
Pourquoi tu te fiches
De leurs affiches de leurs noms
Tu aurais dû faire face,
Affronter la grâce d’leurs visages et dire non
A cette folle décision, trahison,
Putain d’humiliation
Pas d’parachute, une lourde chute,
Et même pas ton pardon
Encore une entreprise qui se divise, qui se meurt
On te l’raconte, la colère gronde
Et brisé est ton coeur
Délocalisation, flonflon ou tu n’étais qu’un pion
Ta boite te lâche,
A sa tête des lâches ont ramassé le bifton

 

Il n’y a plus d’atelier, il n’y a plus rien
Ils ont tout balancé, d’l’autre côté d’la méditerranée
Terminé les blagues à dix balles
Qui faisait bien marrer
Même les franches engueulades
Qui s’terminaient en embrassades
tout est figé, fichu, vendu,
Sauf ton tout dernier bleu qui a à peine vécu.

 

François Fraisse